
La brèche d’amour
La déception se lit sur son visage… La gorge serrée, Chantal écoute sa fille, qui vient de répondre à la question qu’elle venait elle-même de lui poser. Elle regrette déjà de lui avoir demandé en quoi consistait son nouveau métier. Chantal ne comprend pas les choix de sa fille, elle qui avait fondé tant d’espoir en elle. Elle est très déçue, extrê-me-ment.
Lisette, elle, voit que les traits de sa mère se sont figés. Elle y lit son désarroi, son incompréhension. Elle aussi est déçue mais pas pour les mêmes raisons.
Quant à Marcel, il prend note de chaque parole de sa fille, et tente de la comprendre. Il montre de l’intérêt en posant des questions. Ce n’est pas ce qu’il avait planifié pour sa fille chérie, mais bon, on est obligé de faire avec, Lisette ne leur laisse pas le choix.
La jeune femme espérait beaucoup de cette conversation : elle aurait aimé sentir une pointe de fierté dans leurs voix ou leurs regards. Rien. Sauf un vide comme un fossé qui se creuse comme pour marquer l’écart qui l’éloigne de plus en plus de ses parents. Le dialogue tant attendu avait bien eu lieu mais l’effet escompté avait échoué.
Pourtant Lisette s’était répétée toute la semaine, qu’elle leur dirait merci pour tout ce qu’ils avaient fait pour elle. Mais elle sentait que les mots lui échappaient, non pas de sa bouche, mais de son cœur, comme si elle n’arrivait pas à les rattraper pour les leur offrir.
Comme d’autres se demandent pourquoi leur enfant a mal tourné (soit en devenant délinquant ou drogué) Marcel et Chantal ne comprennent pas ce qu’ils ont pu faire pour que leur fille en arrive là. Parce que Lisette a fait un choix de vie qu’ils n’avaient pas prévu dans leur scénario de parents, c’est plus fort qu’eux, ils n’arrivent pas à lire le bonheur qui anime leur fille dans son for intérieur.
Lisette abrège la conversation, ça ne sert à rien de s’étendre. Elle rêve secrètement que les murs de non-communication qui se sont élevés d’année en année, sont en train de tomber. Peu importe, si elle est incomprise, au moins, elle essaie de leur parler. Non pas avec l’agressivité, avec laquelle elle est à l’accoutumée avec eux, mais juste avec la douceur qui la caractérise.
Ce récit a le mérite de démontrer combien les relations sont complexes, et combien, elles nous construisent ou nous détruisent. Pour ne pas en arriver à la seconde option, prenons du recul et analysons.
Bien souvent lorsqu’on interagit avec les autres, on s’attend à ce qu’ils réagissent d’une certaine manière. On s’imagine leurs phrases, leurs mots, leur manière d’amener les choses et de répondre à nos attentes. Bref, on peut se faire aussi un film, comme pour une fille qui se fait des films sur un gars. Parfois on tombe juste et parfois on tombe de haut.
Une communication réussie tiendrait-elle donc dans le succès de l’ouverture du dialogue là où il était inexistant jusqu’alors. Sans aucune attente de l’autre.
Eli qui s’attend à ne plus rien attendre pour aimer encore plus pas vous ?
oooooooh… ne perds pas espoir…
ça me fait immédiatement penser à l’amour qui croit tout, espère tout, endure tout… qui ne meurt jamais… dans un de mes cours ibg on avait une phrase qui m’a bcp interpelée : « l’amour de Dieu est un amour qui donne éternellement de lui-même »… c’est peut-être ça, la clé d’une communication réussie ? donner, éternellement, de soi-même… quelque soit la réaction en face…
Je ne perds pas espoir au contraire … Merci pour tes encouragements !
Bizarre mais cette petite histoire me fait tout de suite penser à 3 personnes que je connais bien … mais ça ne doit pas être ça les prénoms ne sont pas les mêmes 🙂
Bon plus sérieusement on a je pense tous connu ça ! Plus on rumine on essaye de préparer notre texte, penser au moment le plus opportun, aux mots les plus justes, à nos arguments ou même aux questions réponses qu’on pourrait avoir …
Alors des fois on est déçu de l’issu parfois non mais une chose est sure les choses ne se passent jamais comme prévu !!
Pour le reste communication réussie je pense ne tient pas uniquement dans la réussite de l’ouverture du dialogue (d’ailleurs le dialogue devrait toujours être présent dès le départ dans toutes les relations) mais lorsque le dialogue se passe entre deux personnes qui s’aiment (peu importe l’amour qui les lie) l’une des clés de la connexion et de l’issue de ce dialogue devrait en partie résider dans les étoiles qu’on voit dans les yeux de celui qui parle …
Par exemple pour L, C et M (oui bizarrement je ne garde que leurs initiales) je pense qu’au lieu d’être apparemment déçus ils devraient juste voir la joie de vivre de L, ce que ce nouveau métier lui apporte, son épanouissement … finalement qu’effectivement surement d’un point de vue qualité de vie (salaire … la seule chose qui intéresse des parents car pour eux l’argent fait le bonheur) ça n’a rien à voir … mais que ce n’est pas ça qui rend heureux … !! Mais en tout cas je sais que L est heureuse et épanouie … tant pis s’ils ne sont toujours pas capable de le voir ils passent à coté de quelque chose … vraiment …
Moi L jla trouve super comme ça … tu lui diras !!
Je lui ferai suivre ton commentaire… L sera ravie. figure-toi qu’elle m’a dit que bizarrement ces derniers temps, quelque chose avait changé et que ça avait l’air d’aller beaucoup mieux. On dirait que ses parents s’intéressent un tout petit plus à son nouveau métier. Qui sait si ce n’est les prières d’Emma qui ont fait leur effet? 🙂
Ah …. 😉 et bien je suis contente pour elle !!!
Je pense effectivement que ses prières ont aidé et que conjointement (j’adorerai que ce soit également le cas) Jeanne ayant parlé de tout ça avec Guylhaine et Charles ses paroles, son ressenti etc ont peut être été rapportés à C et M … et les ont fait réfléchir …
La relation avec les parents est souvent complexe. Ils fondent souvent des espoirs sur nous qui sont ceux de leur génération, de leur culture, de ce qu’ils perçoivent comme étant le meilleur chemin. Ils nous rêvent en enfants parfaits bien plus que nous les imaginons nous en parents infaillibles. Et là-dedans, il faut trouver ça place, accepter que notre idéal n’est pas le leur, comprendre leur réaction de rejet face à certains de nos choix même lorsque l’on est convaincus que l’on prend la direction qui nous convient. Et arriver à leur faire voir les choses sous un autre angle. Mais c’est long et parfois difficile, il faut savoir s’armer de patience et supporter le fait qu’ils ne partagent pas certaines de nos joies. c’est déjà une bonne chose de les avoir, de savoir que malgré quelques incompréhensions, ils sont là et ils tiennent à nous. Petit à petit, on arrive aussi à se rapprocher, le tout est de rester franc mais aussi ferme dans ce que l’on veut construire dans notre vie, ne pas céder à leur influence et tenter de leur montrer ce que ça nous apporte. Et que nous acceptions mutuellement nos désaccords (nous aussi ne savons pas toujours comprendre leurs habitudes ou leurs choix).
Bonjour Plume Chocolat,
Pardon pour ma réponse tardive… J’aime beaucoup ton analyse qui est à mon sens très juste… Le plus dur est de trouver le juste milieu entre ne pas se laisser faire et se laisser aimer. On sait que les parents généralement souhaitent le meilleur pour leurs enfants mais que ce n’est pas toujours bien exprimé. Les parents oublient les enfants qu’ils étaient eux-mêmes.
Mais se rapprocher d’eux est une richesse en acceptant mutuellement nos désaccords comme tu le dis si bien.
Merci encore d’avoir laissé ce commentaire qui est plein de sens et qui ajoute une touche supplémentaire de réflexion à cet article.
C’est encourageant !
Eli