Le jour où mourir est la meilleure solution
En lisant cet article sur la dépression du postpartum , je suis profondément convaincue d’avoir fait le bon choix en commençant une thérapie avant que je sache même que j’allais tomber enceinte de mon second enfant. Mon statut de mère tout nouveau de notre aîné est venu tout remettre en question : j’ai eu cette désagréable sensation de ne plus trouver ma place dans la société. Et tout ça aurait pu me mener vers le suicide.
Très jeune (je devais avoir 5 ans la première fois) j’ai pensé à la mort: j’ai longtemps cru qu’elle pourrait me délivrer de toutes les souffrances que je vivais. Dès que je ne voyais plus de solution aux choses difficiles auxquelles j’étais confrontée, je pensais à la manière dont je voulais mourir. Me pendre, me jeter sous un train, m’étouffer, m’ouvrir les veines, me jeter du 10e étage… j’étais habitée par cette pensée. Et puis un jour, ce ne fut plus juste des pensées qui m’ont envahie. « L’acte » est arrivé. A 16 ans, puis à 20 ans.
Souvent les gens disent que c’était un « un appel au secours, que tu ne voulais pas vraiment mourir « ( évidemment parce que tu t’es ratée etc). Mais lorsqu’on n’a jamais connu la dépression, je crois que c’est difficile de comprendre ce qu’une personne dépressive traverse. La tentative de suicide n’est pas juste pour sonner la sonnette d’alarme, c’est vraiment parce que le désespoir s’est emparé de la personne.
Je me souviens avoir pleuré en me réveillant parce que j’avais raté mon coup « Hé merde, (t’es encore en vie, t’as encore foiré. » J’ai failli m’en sortir par moi-même quelques années plus tard: je me suis installée à l’étranger pendant un temps. Et pendant un temps, l’odeur de la mort s’est évaporée… Pour revenir me charmer, aux premières épreuves de ma vie d’adulte.
Et pourtant un dimanche ma vie a pris un virage à 180 degrés en prenant la meilleure décision de ma vie: j’ai dit F**** à toutes mes pensées qui m’enfonçaient. Ce jour-là j’ai compris que je ne pouvais pas y arriver toute seule et j’ai prié pour la première fois sincèrement. Moi athée jusqu’alors très vindicative et virulente, j’ai décidé de suivre celui qu’on appelle Jésus. (J’en avais entendu parler durant mon enfance, mon adolescence, mais j’étais loin d’imaginer qui Il est vraiment). Je ne souhaite pas tout décrire ici mais ce fut le début d’une vraie libération au fur et à mesure que j’ai appris à Le connaître. Il m’a sauvée la vie dans tous les sens du terme.
Ça ne m’a pas empêché d’avoir des épreuves, des hauts et des bas, qui m’ont façonnée, moi, mais aussi ma foi. Dépressive un jour, dépressive toujours. Mais comme les Alcooliques Anonymes, tu peux contrôler tes pensées et les empêcher de te tirer vers le bas. A force, j’ai appris à discerner ce qu’on appelle ces contre-vérités qui te font plonger dans les abîmes, de l’enfer. Car oui la dépression c’est l’enfer sur terre.
Jusqu’à l’automne dernier, je n’ai plus jamais eu des pensées suicidaires. Thanks God ! Mon cheminement avec Dieu m’a d’ailleurs grandement aidée. J’ai vécu des vraies guérisons, de blessures réelles de la vie qui m’avait cassée.
Et puis le bouleversement d’être maman a chamboulé beaucoup de choses. Beaucoup de choses enfouies sont remontées à la surface comme si elles avaient attendu le signal de la maternité pour se décrocher de mon inconscient vers ma conscience. Quand j’ai senti les pensées morbides me reprendre, j’ai pris les devants car aujourd’hui je suis mariée et maman… j’ai consulté une psychologue clinicienne. Elle m’aide à faire face aux blessures plus profondes, bien enfouies mais bien là qui ont rejailli lors de ma maternité. J’avais soit le choix de faire semblant de ne rien voir et de courir le risque d’affecter ma famille ou au contraire, de me prendre en charge afin que mon entourage, en soit au bénéfice.
L’article du postpartum parle de dépression, qui peut mener au suicide, parle également de ce « sentiment d’être loin de Dieu ». Cela fera l’objet d’un autre article, mais c’est exactement ce qui m’est arrivé. J’ai quand même l’impression que c’est tabou d’en parler ou difficile d’aborder le sujet.
J’ai eu la chance de me marier avec un mari aimant et équilibré qui n’abuse pas de mes émotions. Nous avons deux beaux enfants, des défis au quotidien, certes mais ça vaut tellement le coup de vivre cette aventure familiale. Merci Seigneur de m’avoir tendue la main, un 16 Novembre 2003. C’est le jour où je suis devenue chrétienne.
Merci pour ce partage.
Maternité et dépression, je ne m’y connais pas mais disons que j’idéalise beaucoup ; je rêve de devenir maman, mais étant l’aînée d’une famille nombreuse, je sais aussi que ça demande pas mal de sacrifices pour la maman (et le papa). Il y a un temps pour tout.. Tu as bien fait de prendre du temps avant-bébé pour préparer psychologiquement sa venue, et la transformation de ta vie.
Merci ma belle. Je ne savais pas que j’étais enceinte de notre petite fille lorsque j’ai commencé ma thérapie. Par contre, j’ai l’impression que ça m’a aidée à tomber enceinte à nouveau. Ça faisait un an et demi qu’on attendait cette nouvelle ;-).
♥️ Encore plus touchant.
Bravo de t’être relevée et d’accepter tes faiblesses, d’accepter d’avancer. Sois fière de la personne que tu es car les difficultés t’ont façonnées ♥️
Beau projet que ce blog, j’ai hâte de voir les Podcast. C’est important de parler et de témoigner, beaucoup trop de sujets restent tabous. Bravo Elisa ! To God be the glory!
pardon Linda pour ma réponse tardive, je découvre seulement maintenant plusieurs commentaires. Merci pour les encouragements. Que mes partages puissent aider d’autres personnes.
[…] de 37 qui se met « enfin » en couple et la transparence de son article sur la dépression, notamment la dépression […]
C’est un témoignage touchant, sois fortifiée dans ta foi et que Dieu reste présent à tes côtés.
Merci pour le commentaire et bravo pour votre blog inspirant que je vais suivre notamment pour les recettes qui ont l’air délicieuses !
Bonjour. Merci pour ce partage. Oui même en étant chrétienne on peut craquer et subir une dépression de divers niveau. Pour ma part, je l’ai vécu aussi suite à la naissance de mon petit garçon oui j’ai craqué car je ne savais pas tt gérer et plein de choses sont remontées à la surface. Je suis une thérapie et ma thérapeute est chrétienne cela donne une autre dimension. J’espère que le jour où nous aurons notre 2e enfant je serai mieux et je pourrai vivre les événements autrement.
Que Dieu te bénisse.
Merci Caroline pour ton commentaire et ton témoignage sincère. Je prie que le Seigneur te guide dans ce long chemin qui reste toutefois très tabou dans le milieu chrétien mais c’est déjà super que tu aies pu te faire suivre par une thérapeute chrétienne car cela aide beaucoup pour nous comprendre je crois. Je suis toujours en thérapie moi-même et je dois avouer que moi qui pensais arrêter ne suis pas prête du tout à sauter ce pas, car j’ai encore beaucoup de choses à régler. Sois encouragée et fortifiée dans ta foi.
Merci beaucoup pour ces partages tellement importants !! Et merci à Dieu qui apporte de la force quand on n’en a plus !!
Tu m’encourages beaucoup !